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nation souterraine qui, pendant l’orage du 19, se faisait jour à travers le fond vaseux du lac ?

Les historiens, les météorologistes, citent des inondations locales, dont les effets ont semblé bien supérieurs à ce que pouvait faire craindre la médiocre quantité de pluie provenant des nuages et tombée dans un certain rayon. Il est rarement arrivé qu’alors on n’ait pas vu, pendant un temps plus ou moins long, d’immenses masses d’eau surgir des entrailles de la terre par des ouvertures jusque-là inconnues, et aussi, qu’un violent orage n’ait pas été le précurseur du phénomène et probablement sa cause première. Telles furent, de point en point, par exemple, en juin 1686, les circonstances de l’inondation qui détruisit presque en totalité les deux villages de Ketlevell et de Starbotton, dans le comté d’York. Pendant l’orage, une immense crevasse se forma dans la montagne voisine, et, au dire de témoins oculaires, la masse fluide qui s’en échappa avec impétuosité, contribua au moins tout autant que la pluie aux malheurs qu’on eut à déplorer.

Je pourrais analyser un grand nombre de cas semblables au précédent ; mais, comme par leur nature ils laissent toujours quelque incertitude, quelque louche dans l’esprit, je me bornerai à une seule citation nouvelle. Celle-ci aura pour caution l’imposante autorité de Beccaria.

En octobre 1755, une inondation subite produisit d’immenses ravages dans la plupart des vallées du Piémont. Le Pô déborda. Le désastre fut précédé d’horribles tonnerres (orrendi tuoni, dit le savant italien). D’un assen-