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sur le pont, que les couteaux et les fourchettes qui, au moment de la décharge, étaient dans la soute au biscuit, enfin, que les pointes d’acier des instruments de mathématiques, avaient acquis un magnétisme très-prononcé.

Les altérations que la foudre fait éprouver aux aiguilles aimantées des boussoles nautiques, ont eu souvent de très-graves conséquences. Nous l’avons déjà dit, à la suite d’un coup de foudre, des marins, trompés par les fausses indications de leurs instruments, se sont jetés sur des écueils dont ils croyaient s’éloigner à toutes voiles. L’aimantation instantanée de la multitude des masses d’acier répandues sur un navire, peut créer des centres d’attraction puissants. De là, sans que les boussoles aient été dérangées elles-mêmes, résultent des déviations locales d’autant plus nuisibles, qu’en pleine mer le navigateur a peu de moyens d’en constater l’existence et surtout d’en déterminer la valeur. Ces deux genres de perturbations ne sont pas les seuls contre lesquels le pilote ait à se prémunir. Quand un coup de foudre aimante les diverses pièces en acier qui entrent dans la composition d’un chronomètre, et particulièrement le balancier, une nouvelle force, le magnétisme terrestre, s’ajoute à celles des ressorts qui, primitivement, réglaient la marche de ces admirables mais très-délicates machines. Cette nouvelle force donne lieu quelquefois à des accélérations ou à des retards sensibles. Aussi, après un certain nombre de jours de navigation, en résulte-t-il, sur la longitude géographique, des erreurs très-dangereuses. Les chronomètres du paquebot le New-York, par exemple, à leur arrivée à Liverpool, étaient de 33m 58s en avance de ce qu’ils