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dans le méridien, la grande marquerait l’est et l’ouest, Ce que feraient les aimants, le tonnerre doit quelquefois l’opérer. Un coup de ce météore peut transporter les pôles de l’aiguille, des angles aigus aux angles obtus du losange, ou dans tout autre point intermédiaire entre ces deux positions extrêmes. Après le changement, la fleur de lis de la rose des vents que l’artiste avait soigneusement adaptée au pôle nord, correspondant à un autre point, faut-il s’étonner que, suivant la quantité du déplacement, elle se dirige au nord-ouest, au nord-est, à l’ouest, à l’est, etc. ?

Je me suis certainement placé dans les conditions les plus défavorables possibles, lorsque j’ai supposé que les aiguilles des boussoles marines ont toujours été fabriquées avec des masses d’acier compactes d’une certaine largeur. Jadis, en effet, ces aiguilles se composaient de deux fils distincts du même métal, légèrement infléchis dans leur milieu. Par leur rapprochement, ces fils formaient le contour d’un losange. L’aiguille était donc un losange évidé, et non un losange plein comme de nos jours. L’un des fils formait les deux côtés de droite ; l’autre, les deux côtés de gauche. Aux deux bouts de la grande diagonale, aux deux angles aigus du losange, il n’y avait entre les deux fils qu’un simple contact, qu’une simple juxta-position. Dans un pareil système, il y a place pour la distribution du magnétisme la plus compliquée, pour la formation de points conséquents, et dès lors pour toutes les bizarreries qu’on a mises, à tort, sur le compte de la crédulité des marins.