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de 1808 à 1809, j’ai été presque témoin de deux événements de cette nature. Le premier arriva sur la corvette de guerre française la Baleine, que je vis entrer assez endommagée sur la rade de Palma à Mallorca ; le second, sur un bâtiment génois qui vint se briser sur la côte, à quelque distance d’Alger, au moment où, trompé par la position anomale qu’un coup de tonnerre avait donnée aux boussoles, le capitaine croyait faire route vers le nord.

Dans le fait relatif à l’Albemarl, que j’ai emprunté à Boyle, il est question d’une boussole qui, après un coup de foudre, pointait à l’ouest. Les journaux nautiques citent des cas dans lesquels, par l’influence du même météore, des aiguilles s’étaient tournées d’une manière permanente au nord-nord-ouest, ou au nord-ouest, ou au sud-ouest, etc. Pour dire la même chose en d’autres termes, la foudre n’aurait pas seulement la propriété de renverser les pôles, nord pour sud et réciproquement ; l’altération ne serait pas non plus limitée à un angle droit : elle pourrait avoir toutes les valeurs comprises entre 0 et 180°.

C’est sans raison, à mon avis, que ces faits ont été regardés comme impossibles. Les aiguilles des boussoles sont ordinairement des losanges en acier très-allongés. Les pôles y occupent les deux extrémités de la grande diagonale ; mais avec un peu de soin, et en manœuvrant convenablement les aimants naturels ou artificiels qui servent à aimanter ces aiguilles, on pourrait amener ces mêmes pôles aux extrémités de la petite diagonale, et dès lors, ce serait celle-ci qui se placerait à peu près