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ces trous étaient groupés forcerait de supposer que, par un singulier hasard, les coups de directions opposées avaient été, par couples de deux, frapper des parties presque contiguës du métal. Enfin, l’inclinaison à peu près identique de toutes les rébarbes par rapport aux deux faces de la girouette n’impliquerait pas moins impérieusement le parallélisme des dix-huit coups.

Je me tromperais fort si la réunion de tant de conditions improbables n’amenait pas chacun à l’opinion qu’adoptèrent les physiciens auxquels on doit la première description du phénomène : à l’opinion que les dix-huit trous de la girouette de Crémone furent le résultat d’un seul et même coup de foudre.

Le 3 juillet 1821, la foudre tomba, à Genève, sur une maison située près du temple de Saint-Gervais. En recherchant minutieusement les effets qu’elle avait produits, les rédacteurs de la Bibliothèque universelle aperçurent plusieurs trous avec des marques de fusion évidentes dans les feuilles de fer-blanc dont l’arête inclinée du toit était revêtue. Parmi les effets de ce genre, le plus remarquable est celui qui se produisit sur une feuille de fer-blanc neuf, recourbée, qui garnissait le bas d’une cheminée à sa sortie du toit et se repliait sur la pente de ce même toit. La feuille en question se trouva percée de deux trous presque circulaires d’environ 3 centimètres de diamètre, distants l’un de l’autre de 13 centimètres à partir de leurs centres, offrant sur toute l’étendue de leurs contours de fortes bavures, mais dirigées, dans les deux trous, en sens opposés.