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chanvre. Ces bulles lui parurent d’autant mieux devoir être considérées comme des effets de la foudre, qu’il en remarquait de semblables sur des briques qui avaient été frappées par ce météore.

M. Ramond, qui vit les mêmes phénomènes sur plusieurs cimes des Pyrénées, voulut bien jadis, à ma prière, écrire la note intéressante qu’on va lire :

« Le Pic du Midi est une montagne très-dominante et très-isolée. Son sommet a fort peu d’étendue. Il est formé d’un schiste micacé glanduleux d’une dureté extrême, divisé en tables assez épaisses, fort adhérentes entre elles, et ne se subdivisant point en feuillets, mais en parallélipipèdes obliquangles, à la manière des trapps. Sa couleur est un gris noir, un peu argenté par le mica. La foudre n’agit qu’à sa superficie, qu’elle recouvre d’un glacis d’émail jaunâtre, surmonté de boursouflures ou bulles, tantôt sphériques, tantôt crevées et concaves, ordinairement opaques, quelquefois demi-transparentes. Il y a des rochers dont la face entière est vernissée de cet émail, et couverte de bulles dont la grosseur atteint souvent celle d’un pois ; mais l’intérieur de la roche demeure parfaitement sain : la partie fondue n’a pas plus d’un millimètre d’épaisseur.

Le sommet du Mont-Perdu, que j’ai atteint il y a vingt ans, m’a offert le même phénomène. Celui-ci, presque entièrement couvert de neige, ne montre point de rochers continus, mais seulement des fragments de petite dimension, entassés sans ordre. C’est une pierre calcaire, bitumineuse et fétide ; mais elle renferme du sablon quartzeux d’une extrême finesse, qui y est mélangé