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LE TONNERRE.

nons aucune trace manifeste de fusion. Par quel genre d’action la chaîne a-t-elle été rompue ? C’est ce que je ne saurais dire[1].

§ 3.

Les expressions de Pline et de Sénèque sur la fusion d’une lame d’épée et sur celle de pièces de monnaie furent longtemps prises avec toute l’extension qu’elles comportent. On admettait que la lame d’épée tout entière avait été fondue ; qu’en un clin d’œil d’épaisses rondelles de cuivre, d’or ou d’argent, étaient passées à une complète liquidité. Cela une fois admis, comment concevoir qu’un fourreau en bois eût pu rester rempli d’une lourde masse de fer incandescente sans prendre feu ; que le tissu d’une bourse eût subi, sans aucune altération, le contact prolongé du cuivre, de l’argent ou de l’or en fusion ? Cette difficulté, qui semblait insurmontable, conduisit Franklin à une supposition, sans doute bien étrange, mais qui était une conséquence inévitable des prémisses : il admit que la foudre avait la propriété d’opérer des fusions froides ; que par son action instantanée les molécules des métaux pouvaient être amenées, sans aucun développement de chaleur, à toute la mobilité que le mot fluidité implique. Plus tard, des observations authentiques et totalement exemptes d’ambiguïté, lui firent reconnaître que sa théorie avait été établie sur un fait faux, tant il

  1. Les fils de soie dorés, lorsqu’on les expose à un courant très-intense d’électricité artificielle, présentent des effets très-propres à élucider les phénomènes que nous avons en vue dans ce paragraphe. — L’or qui couvre ces fils est volatilisé sans que la chaleur rompe la soie.