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LE TONNERRE.

Que la petite chaîne en argent qui pendait du pommeau à la garde avait été fondue près de la garde et s’en était détachée ;

Que le pommeau avait été fondu sur une surface de 7 millimètres en carré, dans toute l’épaisseur, d’ailleurs très-peu considérable, de l’argent ;

Que le tranchant inférieur de la lame, ainsi que le bout du fourreau en argent, avaient été fondus vis-à-vis l’un de l’autre sur 3 millimètres en carré, et que, dans l’intervalle compris entre ces deux portions fondues et si rapprochées, le fourreau avait été percé et non brûlé.

Le lecteur remarquera, sans doute, que sur l’épée de M. d’Aussac la fusion du métal ne se manifesta pas seulement aux deux extrémités, c’est-à-dire aux deux points d’entrée et de sortie, mais encore dans la partie par laquelle, suivant toute apparence, la foudre se partagea entre le cavalier et le cheval.

Voilà, dans un seul événement bien authentique, bien observé, fusion d’argent, fusion de deux lames d’épée sans inflammation du fourreau. Mais la fusion des lames n’eut lieu que sur une couche superficielle peu étendue, et dont l’épaisseur, comme on est autorisé à le croire, était excessivement petite. Ces deux circonstances (la dernière surtout) une fois admises, rien de plus simple que d’expliquer, d’après les vrais principes de la propagation de la chaleur, comment les fourreaux des épées restèrent intacts, comment ils ne prirent pas feu. Une comparaison rendra même toute explication superflue.

Il n’est personne qui ayant fait passer un très-mince fil métallique au rouge-blanc en l’enfonçant dans les bords