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LE TONNERRE.

77 résidus, obtenus par la distillation de 77 échantillons d’eau de pluie, recueillis dans des vases de porcelaine à 77 époques différentes. Parmi ces 77 échantillons d’eau, 17 provenaient de pluies d’orage. Eh bien, ces 17 pluies d’orage contenaient toutes de l’acide nitrique en plus ou moins grande quantité, combiné à de la chaux ou à de l’ammoniaque. Dans les autres échantillons, au nombre de 60, M. Liebig n’en trouva que 2 où il existât des traces, de simples traces, d’acide nitrique[1].

Voilà donc la matière fulminante réalisant une des plus brillantes expériences de la chimie moderne. Ces réunions subites de l’azote et de l’oxygène que l’illustre chimiste anglais opérait en vases clos, la foudre les détermine dans les hautes régions de l’atmosphère. Il y a là pour les physiciens et pour les chimistes un vaste et important sujet d’expériences. Il faudra examiner si, toutes les autres circonstances restant égales, les quantités d’acide nitrique engendrées pendant les orages ne varient pas avec les saisons, avec la hauteur, et par conséquent aussi avec la température des nuées d’où la foudre s’élance ; il faudra rechercher aussi si dans les régions intertropicales, où pendant des mois entiers le tonnerre gronde chaque jour avec tant de force, l’acide nitrique créé par la foudre aux dépens des deux éléments gazeux de l’atmosphère, ne suffirait pas à l’entretien des nitrières naturelles dont l’existence, dans certaines localités où les matières ani-

  1. Ceci fut imprimé pour la première fois en 1837, époque antérieure aux expériences de M. Barral. Les importantes observations de ce savant amèneront dans les conclusions auxquelles s’était arrêté le chimiste de Giessen, des modifications sur lesquelles nous reviendrons plus loin.