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LE TONNERRE.

Quand la seconde explosion arriva, le paratonnerre du New-York était en place. Le navire fut un instant resplendissant de lumière comme la première fois, mais il n’éprouva pas de dommage sensible. Néanmoins les diverses parties du paquebot, et particulièrement la cabine des dames, se trouvèrent subitement remplies de vapeurs sulfureuses si épaisses, qu’on ne pouvait rien voir à travers.

Voici maintenant de curieux exemples d’odeurs sulfureuses constatées dans des coups de foudre qui ont frappé des maisons ou des édifices.

Lorsque, le 18 juillet 1767, le tonnerre pénétra par les tuyaux de six cheminées dans une maison de la rue Plumet , à Paris, il laissa partout une odeur suffocante qui prenait à la gorge.

Le 18 février 1770, longtemps après le coup de foudre qui jeta à terre, sans connaissance, toutes les personnes réunies pour entendre les litanies dans l’église de Saint-Kevern ( Cornouailles ), l’église était encore remplie d’une odeur sulfureuse presque suffocante.

À la suite du coup de foudre qui produisit beaucoup de malheurs, le 11 juillet 1819, à Châteauneuf-les-Moustiers (Basses-Alpes), l’église était remplie d’une fumée noire et épaisse qui ne permettait guère d’y marcher qu’à tâtons.

L’odeur sulfureuse se développe là même où aucun phénomène lumineux ne s’est manifesté. Je crois pouvoir tirer cette conséquence du passage suivant, extrait de la relation que m’a donnée M. Rihouet du coup de foudre qui frappa le vaisseau de ligne le Golymin en 1812.