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plus forte raison, tout l’intérêt qu’il y avait à rechercher si la foudre produit des effets analogues en mer.

Lorsque le vaisseau anglais le Montague fut frappé par un globe de feu, le 4 décembre 1749, avec une détonation que le master Chalmers assimila à celle qui résulterait de l’explosion simultanée de plusieurs centaines de canons, le navire répandit une si forte odeur, qu’il paraissait n’être qu’une masse de soufre (the ship seemed to be nothing but sulphur). À ce moment, le Montague se trouvait par 42° 48’ de latitude nord et par 13° de longitude occidentale, ou, ce qui revient au même, à environ 100 kilomètres des terres les plus voisines.

Le 31 décembre 1778, à trois heures de l’après-midi, le bâtiment de la Compagnie des Indes, l’Atlas, est frappé de la foudre dans la Tamise. Un matelot est tué dans les hunes. Le navire paraît un instant tout en feu, mais il n’éprouve réellement aucune avarie perceptible. Seulement, il se répand partout une forte odeur sulfureuse qui dure tout le reste du jour et toute la nuit suivante.

Le New-York, paquebot de 520 tonneaux, fut frappé deux fois de la foudre dans la journée du 19 avril 1827, par 38° environ de latitude nord et 63° de longitude occidentale comptée de Paris, c’est-à-dire à une époque où sa moindre distance à la terre était de 600 kilomètres.

Au moment de la première décharge, comme le bâtiment n’avait pas de paratonnerre, il y eut de graves dégâts ; cependant, la foudre ayant trouvé sur son chemin des pièces métalliques qui la conduisirent à la mer, rien ne prit feu ; cela n’empêcha pas que les cabines ne s’emplissent d’épais nuages de fumée sulfureuse.