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chose à redire à ses relations ? — Nous n’ignorons pas qu’elles sont toutes honorables et de l’ordre le plus distingué. — Serait-il par hasard question de fortune ? — Nous savons que Gay-Lussac jouit d’une grande aisance, et qu’elle est le fruit de son travail. Qu’est-ce qui peut donc vous arrêter ? » Et alors on avouait doucement, tout doucement, en s’enveloppant de mystère, comme si on était honteux d’une semblable déclaration, que tous les matins, au bureau de garantie, le grand chimiste travaillait de ses mains, ce qui paraissait incompatible avec la dignité de pair de France.

Tel est le misérable motif qui, pendant plusieurs années, empêcha l’ingénieux horoscope de Berthollet de s’accomplir.

En vérité, j’ai peine à concevoir qu’un homme se dégrade lorsqu’il essaie de prouver, en faisant œuvre de ses mains, la réalité de ses conceptions théoriques.

Est-ce que, par hasard, pour ne citer que des exemples étrangers, les découvertes de Huygens et de Newton perdirent rien de leur importance, de leur éclat, quand le premier se mit à fabriquer des lunettes et le second à exécuter des télescopes ? Est-ce que les immortelles vues d’Herschel sur la constitution des cieux seraient amoindries pour avoir été obtenues avec des instruments façonnés par l’illustre observateur lui-même ?

Est-ce que dans la chambre des lords, si fière de ses antiques priviléges, une seule voix a prétendu que lord Ross s’était récemment dégradé, en devenant successivement fondeur, forgeron et polisseur de métaux, lorsque, avec cette triple qualification, il a doté la science astrono-