Dans ces discussions, notre ancien confrère marchait droit devant lui, abstraction faite des personnes, avec la rigueur, disons plus, avec la sécheresse d’une démonstration mathématique. Rarement on y trouve de ces phrases qui sont comme une sorte de baume jeté sur la blessure qu’on a faite. Mais comment n’a-t-on pas remarqué que Gay-Lussac se traitait lui-même avec un sans-façon au moins égal à celui dont il faisait preuve en parlant d’autrui ?
Les paroles suivantes sont tirées textuellement d’un de ses écrits :
« Les résultats que j’ai donnés, dit-il, dans les Mémoires d’Arcueil, sur les diverses combinaisons de l’azote et de l’oxygène ne sont pas exacts. »
Celui qui parle avec un telle franchise de ses propres travaux ne serait-il pas excusable de s’être exclusivement préoccupé, dans l’examen des travaux des autres, des intérêts de la vérité ?
Les personnes qui ne connurent Gay-Lussac que superficiellement, se persuadent qu’il ne dut y avoir dans sa vie privée rien de romanesque. Peut-être changeront-elles d’opinion après avoir entendu ce récit :
Il y avait à Auxerre, au commencement de notre première révolution, un artiste musicien qui était attaché aux quatre grandes communautés et au collège de cette ville. La suppression de ces établissements, en 1791,