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On a pu croire que les succès de Gay-Lussac dans ses recherches scientifiques, ne lui faisaient éprouver que cette satisfaction calme que doit naturellement produire la découverte de quelques vérités nouvelles ; les apparences étaient trompeuses. Pour se soustraire à l’humidité des laboratoires situés au rez-de-chaussée, Gay-Lussac mettait ordinairement des sabots par-dessus ses souliers ; eh bien, Pelouze, un de ses élèves de prédilection, m’a raconté qu’après la réussite d’une expérience capitale, il l’avait vu souvent, par la porte entre-bâillée de son cabinet, donner les marques de la joie la plus vive, et même danser malgré les inconvénients de sa chaussure.

Ceci nous rappelle une anecdote que j’emprunterai à mon ami M. Brewster, ne fût-ce, je l’avouerai, que parce qu’elle me fournit une occasion de rapprocher le nom de Gay-Lussac de celui du savant immortel dont Voltaire a pu dire sans que personne ait crié à l’exagération :

Confidents du Très-Haut, substances éternelles,
Qui brûlez de ses feux, qui couvrez de vos ailes
Le trône où votre maître est assis parmi vous,
Parlez ; du grand Newton n’êtes-vous point jaloux ?

En 1682, le grand Newton, mettant à profit les dimensions de la terre obtenues par Picard, de cette Académie, recommença un calcul qu’il avait déjà tenté, mais sans succès, d’après les anciennes déterminations de Norwood. Son but était de s’assurer si la force qui retient la lune dans son orbite et l’empêche de s’échapper par la tangente, en vertu de la force centrifuge, ne serait pas la même que celle qui fait tomber les corps à la surface de la terre, diminuée seulement en raison du