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sont très-difficiles à extirper complètement ; il ne serait donc pas impossible que quelques-uns des rapprochements historiques contenus dans cet écrit devinssent un jour utiles.

Cette considération me servira d’excuse auprès de ceux qui seraient tentés de croire qu’au milieu du xixe siècle la science est suffisamment protégée, et que les savants sont trop heureux de travailler dans l’intérêt de la science au milieu d’une société qui veut bien ne plus les persécuter.

Thomas, l’auteur de l’Essai sur les éloges, s’exprime ainsi : « Soit qu’en célébrant les grands hommes vous preniez pour modèle la gravité de Plutarque, ou la sagesse piquante de Fontenelle, n’oubliez pas que votre but est d’être utile. »

Voilà assurément une pensée irréprochable ; oserait-on affirmer que les biographes de tous les temps en aient été suffisamment pénétrés, Depuis près de deux siècles, les sociétés savantes paient régulièrement un juste tribut de regrets à ceux de leurs membres qui viennent de disparaître de la scène du monde ; ces éloges académiques offrent dans leur ensemble une statistique intellectuelle et morale très-précieuse. Chacun peut y suivre les développements du cœur, de l’esprit et du caractère chez les hommes que la nature a comblés de ses dons. On y trouve souvent le génie aux prises avec l’infortune ; on le voit lutter rudement contre des institutions sociales qui l’arrêtent dans son essor, qui le découragent, qui souvent le font avorter. Un pareil tableau tracé, colorié par les maîtres de l’art, s’empare des imaginations, les remue, les passionne ; mais est-ce bien là toute la tâche du bio-