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sieurs, de laisser en mourant le droit de faire graver sur sa tombe : « Il fut le collaborateur et l’ami de Laplace. »

Quel éloge ne pâlirait point à côté de ces paroles ! Adieu, Bouvard, adieu.


GAMBEY[1]

Permettez-moi, Messieurs, d’adresser de tristes paroles d’adieu au grand artiste dont la mort prématurée a si douloureusement impressionné la capitale.

Des relations intimes qui datent de plus d’un tiers de siècle ; une affection mutuelle qu’aucun dissentiment, qu’aucun nuage n’a jamais troublée, me donneront, j’espère, quelques droits à votre indulgente attention.

Depuis l’époque où un heureux hasard fit sortir Gambey de l’isolement dans lequel les préjugés, la routine, l’ignorance, le tenaient obstinément renfermé, chaque année de ga vie a été marquée par d’éclatants services rendus aux sciences et aux arts. Notre confrère avait acquis de bonne heure des connaissances étendues en géométrie, en mécanique rationnelle, en physique, en chimie ; l’art du dessin graphique lui était aussi très-familier. De là cette sûreté de vue, cette netteté de conception, ces dispositions intelligentes et judicieuses que les connaisseurs admiraient dans les instruments variés qui sortaient de ses mains. Tous portaient l’empreinte d’une imagination féconde, sagement maîtrisée par les règles inflexibles de

  1. Les funérailles de Gambey ont eu lieu le 31 janvier 1847.