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inépuisable, nourrie de tous les bons modèles des temps anciens et des temps modernes, donnaient à sa conversation un charme tout particulier. La douceur et l’égalité de son caractère ne se sont pas un seul instant démenties ni dans le cours d’une longue carrière, ni durant la cruelle maladie qui l’a enlevé à l’Europe ; mais aussi de quels tendres soins n’a-t-il pas été l’objet ? Quel dévouement, surtout, pourrait être comparé à celui de madame Delambre ? Voyez-la, pendant près de deux mois, épiant jour et nuit les moindres mouvements de celui dent elle eût désiré prolonger l’existence aux dépens de la sienne, et s’armer d’assez de courage pour cacher sous un front serein les terribles pressentiments dont son cœur était déchiré. Nous sommes sûrs de nous associer à la dernière pensée de notre illustre confrère, en souhaitant qu’une douleur si juste et si profonde trouve quelques soulagements dans les regrets unanimes qu’excitent toujours le souvenir des travaux utiles et celui d’une réputation sans tache.


CUVIER[1].

Messieurs, un illustre géomètre qui, par l’ancienneté, l’importance et la variété de ses travaux, marche de front avec les plus hautes notabilités scientifiques de l’Europe, n’apprit lundi l’immense perte que l’Académie venait de

  1. Georges Cuvier est né à Montbéliard, en 1769 ; il est mort à Paris à l’âge de soixante-trois ans : ses funérailles ont eu lieu le 16 mai 1832.