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Dans le xviie siècle, les médecins affectaient de marcher en robe et en rabat. Afin, dit-on, de ne pas être compris des malades, ils écrivaient leurs consultations en latin. Grâce à Molière, la science est restée et le charlatanisme a disparu.

Les critiques de l’immortel poëte contre les médecins du grand siècle, ont reçu la sanction des savants et spirituels docteurs de notre époque. Des membres de la Faculté et de l’Académie de médecine m’écoutent en souriant. Ces deux corps figurent noblement dans notre liste de souscription.

Les sarcasmes acérés de Molière, ses ingénieuses plaisanteries ont contribué tout autant que les œuvres sérieuses de Bacon, de Galilée et de Descartes, à renverser de son piédestal le péripatétisme moderne. C’est Molière aussi qui donna le coup de mort aux galimatias des métaphysiciens de l’époque, à leurs nuageuses subtilités. Si ce travers venait à ressusciter, il suffirait d’appeler une seconde fois à notre aide Marphurius, Pancrace, et tout serait dit.

Sous l’influence de deux pièces du grand comédien, un mode d’éducation sagement indulgent a remplacé, pour les jeunes filles, un ancien système follement sévère ; l’ignorance et l’esclavage n’ont pas semblé les vrais garants de la sagesse.

La peinture si gaie, si grotesque de M. Jourdain n’a sans doute pas eu le privilége d’anéantir le penchant de la riche bourgeoisie à s’allier à la noblesse, mais on peut affirmer qu’elle y a apporté de notables tempéraments.

L’utilité, voilà toujours le but de l’auteur philosophe,