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Shakspeare, de Milton, de Tasse, de l’Arioste, de Priestley, de Volta, de Cavendish, etc.

Molière, le seul Molière a le privilége d’être sans rival, sa supériorité est unanimement reconnue, hautement proclamée dans le monde civilisé.

Soyons donc sans scrupules, Messieurs ; nos impressions n’ont pas été trompeuses.

Nous inaugurons aujourd’hui la statue d’un grand homme !

On est vraiment obligé de faire effort sur soi-même, pour ne pas céder au désir de jeter un coup d’œil sur les combinaisons profondes et hardies, sur les situations piquantes, sur les peintures chaudes et vraies dont les principales compositions du poëte philosophe présentent de si parfaits modèles.

Mais, à quoi servirait ici l’analyse de pièces que le monde entier a vues et admirées, dont tous ceux qui m’entendent pourraient réciter de longs passages ? Peut-être la vie du poëte a-t-elle été moins généralement appréciée ; peut-être aussi n’a-t-on pas fait une énumération suffisamment concentrée et fidèle des services que Molière a rendus aux mœurs publiques, des travers, des ridicules dont il a purgé la société. Voilà ce qui semble devoir être raconté en face de ce monument. N’encourageons personne à imaginer que la dignité dans le caractère, la régularité dans la conduite, l’honnêteté dans les actions, sont, chez l’homme de talent, de simples accessoires. Proclamons bien haut que le génie lui-même ne mériterait pas ces hommages solennels, ces témoignages publics de vénération, si, au lieu de s’exercer sur des