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humaine, que les philosophes qui, dans l’antiquité, croyaient pouvoir tout expliquer mécaniquement, d’après de simples évolutions d’atomes, en exceptèrent la pesanteur.

Descartes essaya ce que Leucippe, Démocrite, Épicure et leurs écoles avaient cru impossible.

Il fit dépendre la chute des corps terrestres de l’action d’un tourbillon de matière très-subtile circulant autour de notre globe. Les perfectionnements réels que l’illustre Huygens apporta à l’ingénieuse conception de notre compatriote furent loin, cependant, de lui donner la netteté et la précision, ces attributs caractéristiques de la vérité.

Ceux-là apprécient bien mal le sens, la portée d’une des plus grandes questions dont les modernes se soient occupés, qui voient Newton sortir victorieux d’une lutte dans laquelle ses deux immortels prédécesseurs avaient échoué. Newton n’a pas plus découvert la cause de la gravité que ne l’avait fait Galilée. Deux corps en présence se rapprochent. Newton ne cherche pas la nature de la force qui produit cet effet. La force existe, il l’appelle du mot d’attraction, mais en avertissant que le terme n’implique sous sa plume aucune idée arrêtée touchant le mode d’action physique suivant lequel la gravitation naît et s’exerce.

La force attractive une fois admise en point de fait, Newton la suit et l’étudie dans les phénomènes terrestres, dans les révolutions de la Lune, des planètes, des satellites, des comètes, et, comme nous l’avons déjà dit, il fait jaillir de cette étude incomparable, les caractères