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Boulliaud et Borelli. C’est à Newton, cependant, qu’il faut reporter le mérite de la solution. Ce grand homme, à l’exemple de plusieurs de ses prédécesseurs, introduisant entre les corps célestes une tendance au rapprochement, une attraction, fit surgir des lois de Kepler les caractères mathématiques de cette force, l’étendit à toutes les molécules matérielles du système solaire, et développa sa brillante découverte dans un ouvrage qui, encore aujourd’hui, est la production la plus éminente de l’intelligence humaine.

Le cœur se serre, lorsqu’en étudiant l’histoire des sciences on voit un si magnifique mouvement intellectuel s’opérer sans le concours de la France. L’astronomie pratique augmenta notre infériorité. Les moyens de recherches furent d’abord donnés inconsidérément à des étrangers, au détriment de nationaux pleine de savoir et de zèle. Ensuite, des intelligences supérieures luttèrent avec courage, mais inutilement, contre l’inhabileté de nos artistes. Pendant ce temps, Bradley, plus heureux de l’autre côté du détroit, s’immortalisait par la découverte de l’aberration et de la nutation.

Dans ces admirables révolutions de la science astronomique, le contingent de la France se composait, en 1740, de la détermination expérimentale de l’aplatissement de la Terre et de la découverte de la variation de la pesanteur à la surface de notre planète. C’étaient deux grandes choses ; notre pays, cependant, avait le droit de demander davantage : quand la France n’est pas sur le premier rang, elle a perdu sa place.

Ce rang, momentanément perdu, fut reconquis bril-