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le menaçait, la montgolfière avec laquelle il s’était élevé dans les airs s’étant enflammée ; ses souffrances ne l’empêchèrent pas d’entretenir Gay-Lussac d’un projet qu’il avait formé, et qui devait plus tard lui coûter la vie, celui de s’élever de nouveau, mais cette fois avec un ballon rempli de gaz hydrogène qu’il échauffait plus ou moins avec un cercle de lampes à double courant d’air. On voit que l’infortuné voyageur aérien imaginait dans ses nouveaux projets de substituer des chances d’explosion aux chances d’incendie de sa première tentative.

Nos voyageurs s’arrêtèrent peu de temps à Bologne, dont l’université était alors singulièrement déchue de son antique réputation. Le professeur de chimie de cette université, M. Pellegrini Savigny, avait laissé dans l’esprit de Gay-Lussac un souvenir peu favorable ; notre confrère lui reprochait d’avoir dégradé la science, en insérant dans son Traité de chimie des moyens de son invention pour préparer de bons sorbets et de l’excellent bouillon pour tous les jours de l’année.

Notre ami ne se laissa-t-il pas aller à quelque exagération en rangeant les chapitres du traité de M. Pellegrini que je viens de citer, parmi ceux qu’un savant qui se respecte doit abandonner aux charlatans de profession ? J’oserai croire, malgré ma profonde déférence pour les opinions de Gay-Lussac, que celui qui parviendrait à réduire à des règles uniformes et précises la préparation de nos aliments, surtout de ceux qui sont destinés aux classes pauvres, résoudrait une importante question d’hygiène. Je me persuade qu’un jour la postérité manifestera quelque étonnement, en voyant qu’en plein xixe siècle, le