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les ennemis du grand philosophe. Ils le dénoncèrent à Rome, et Galilée, âgé alors de soixante-dix ans, malgré l’état très-précaire de sa santé, malgré une maladie contagieuse qui avait fait établir un cordon sanitaire sur les frontières de la Toscane, fut obligé de se rendre dans la capitale du monde chrétien.

Il y arriva le 13 février 1633, et fut reçu chez Niccolini, l’ambassadeur du grand-duc de Toscane. Mais, au mois d’avril, on le contraignit de se rendre pour quelques jours dans les prisons de l’Inquisition, après quoi on lui permit de rentrer chez l’ambassadeur Niccolini ; enfin, la sentence définitive fut rendue le 20 juin suivant.

On trouve dans la relation originale du procès, ces mots, que les juges, dans une des phases de l’instruction, eurent recours à un rigoureux examen. Un grand nombre de personnes ont conclu de cette formule que Galilée fut soumis à la torture ; heureusement la vérité de cette interprétation n’est pas démontrée, en sorte que rien n’autorise à ajouter cette affreuse barbarie à la série d’actes injustifiables qui marquèrent ce scandaleux procès[1].

La sentence des inquisiteurs portait que l’auteur des Dialogues était condamné à la détention dans les prisons du Saint-Office, suivant le bon plaisir du pape.

On lui dicta aussi une formule d’abjuration qu’il fut

  1. On s’est appuyé, pour soutenir l’opinion que Galilée fut mis à la torture, sur ce fait qu’au moment où il quitta définitivement Rome il était atteint d’une hernie, dont il ne se plaignait pas antérieurement. Je donne cet argument pour ce qu’il vaut, et sans y ajouter une foi absolue.