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70 calculs font donc 700 pages. Les calculateurs savent combien on fait de fautes, combien il faut recommencer, et le temps qu’exigent 700 pages de calcul. Cet homme était étonnant ; son génie n’était point rebuté de ces recherches minutieuses et pesantes, et ces recherches n’usaient point son génie. »

Au moment de commencer son travail, Kepler ne se faisait pas illusion sur la grandeur de la tache qu’il s’imposait. Il raconte que Rhéticus, disciple distingué de Copernic, avait désiré de réformer l’astronomie ; mais, qu’étonné du mouvement de Mars, il ne put jamais l’expliquer. « Rhéticus, dit-il, invoqua son génie familier, qui apparemment fâché d’être interrompu, le saisit par les cheveux, l’éleva au plafond et le laissa retomber sur le plancher, en lui disant : Voilà le mouvement de Mars. »

Cette vision, rapportée par l’auteur de l’ouvrage de Stella Martis, nous donne la mesure de la difficulté dont le problème qu’il entreprenait de résoudre lui paraissait entouré. Quant à la satisfaction que Kepler éprouva après avoir démontré que les planètes se meuvent dans des ellipses et suivant la loi des aires, je n’en veux pour preuve que le discours adressé à la mémoire du malheureux Ramus.

Ce célèbre professeur du Collége de France, une des victimes du massacre de la Saint-Barthélémy, avait promis d’abandonner sa chaire et tous les avantages qui en dépendaient, à celui qui rendrait compte des mouvements célestes en dehors de toute hypothèse.

« Vous avez bien fait, s’écrie Kepler, de quitter cette vie, car sans cela vous seriez aujourd’hui obligé de me