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Tycho soutenait que l’étoile de 1572 avait été formée de la matière de la Voie lactée. Quoique l’étoile de 1604 fut voisine de cette zone lumineuse, Kepler ne pensait pas qu’on dût lui donner la même origine, la Voie lactée n’ayant pas changé depuis le temps de Ptolémée. Mais qu’en pouvait-il savoir ? Ce qu’il y a de certain, dit Kepler, c’est que l’apparition de cette nouvelle étoile réduit au néant les idées d’Aristote sur l’incorruptibilité des cieux.

Kepler examine si l’apparition de l’étoile nouvelle avait quelque rapport avec la conjonction des planètes qui eut lieu peu de temps auparavant dans son voisinage. Mais bientôt, renonçant à trouver des causes physiques propres à expliquer la formation de l’astre nouveau, il s’écrie : « Dieu qui se plaît à donner aux hommes des preuves de ses soins constants, a pu ordonner l’apparition de l’étoile dans un lieu et dans un temps où elle ne pouvait échapper aux recherches des astronomes. »

En Allemagne avait cours la locution, nouvelle étoile nouveau roi ; « il est étonnant, dit Kepler, qu’aucun ambitieux n’ait cherché à profiter du préjugé vulgaire. »

Nous ne dirons rien de la dissertation de Kepler sur l’étoile nouvelle du Cygne, qui parut de son temps, si ce n’est que l’auteur y a réuni tout ce que l’érudition la plus vaste pouvait lui fournir pour démontrer que cette étoile était nouvelle et non pas seulement variable.

Kepler cherche à prouver que l’année de la naissance de Jésus-Christ n’a pas été fixée avec précision, que le commencement de notre ère devait être reculé de quatre et peut-être de cinq ans, en sorte que l’année 1606 devrait prendre le millésime de 1610 ou de 1611.