Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pourra attendre son lecteur : Dieu n’a-t-il pas attendu six mille ans un contemplateur de ses œuvres ? »

Une chose remarquable et qui prouve la force d’âme dont Kepler était doué, c’est qu’il exécuta les plus grands, les plus laborieux travaux dont la science lui sera éternellement redevable, dans un moment où ses malheurs personnels et les calamités de sa patrie étaient arrivés à leur comble.

Je vais placer à la suite de cette notice biographique, une courte analyse des principaux ouvrages de Kepler, avec la date de leur publication.

10. KEPLERI PRŒDROMUS DISERTATIŒNUM COSMOGRAPHICUM, CONTINENS MISTERIUM COSMOGRAPHICUM DE ADMIRABILI PROPORTIONE ORBIUM CELESTIUM DEQUE CAUSIS CŒLORUM NUMERI, MAGNITUDINIS, MOTUUMQUE PERIODICORUM GENUINIS ET PROPRIIS, DEMONSTRATUM PER QUINQUE REGULARIA CORPORA GEOMETRICA. — Tubingue, 1596.

Je viens de transcrire le titre du premier grand ouvrage sorti de la plume de Kepler. L’auteur y rend compte de ses travaux destinés à lier par des lois régulières tout ce que Copernic avait donné sur les distances et les mouvements des planètes. Kepler était persuadé de l’existence de ces lois en suivant cette pensée de Platon : que Dieu, en créant le monde, avait dû faire de la géométrie.

Les investigations de Kepler sur ce sujet furent longtemps infructueuses ; elles eurent cependant pour lui l’avantage, dit-il, de graver dans sa mémoire les distances et les temps des révolutions célestes, de manière à lui permettre des combinaisons qui sans cela ne se seraient pas offertes à son esprit.