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femme résista à toutes les menaces ; elle termina par cette déclaration « Je dirais au milieu des tourments, je suis une sorcière, que ce n’en serait pas moins un mensonge. »

Tant de courage produisit de l’effet ; la mère de Kepler fut relâchée, et mourut en août 1622.

Kepler retourna à Linz, mais ses ennemis l’insultèrent à tel point comme fils d’une sorcière, qu’il fut obligé de quitter l’Autriche. Enfin, il fut compris, à l’instigation des jésuites, dit-on, dans le traité qui conférait le duché de Meklenbourg au général Wallenstein. Mais l’illustre astronome n’encourageant pas suffisamment le goût décidé du célèbre général pour les prédictions puisées dans l’aspect des astres, perdit ses faveurs, et fut remplacé par l’astrologue italien Zéno.

Il essaya vainement, suivant les conditions du traité passé avec Wallenstein, de se faire payer les arrérages de ses appointements.

Dans les fréquents voyages à cheval qu’il fit entre Sagan et Ratisbonne pour obtenir qu’on lui rendit justice, sa santé s’altéra et il mourut âgé de cinquante-neuf ans, le 15 novembre 1630. Kepler laissa à sa mort 22 écus, un habit, deux chemises, et pas d’autres livres que cinquante-sept exemplaires de ses Éphémérides, et seize exemplaires de ses Tables rudolphines.

Il avait composé lui-même son épitaphe ; on la lit dans l’église de Saint-Pierre à Ratisbonne. En voici la traduction :

« J’ai mesuré les cieux, à présent je mesure les ombres de la terre. L’intelligence est céleste, ici ne repose que l’ombre des corps. »