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MALUS.

solennelles où les titres des savants au souvenir des hommes sont énumérés et appréciés devant un public éclairé, impartial, et juge en dernier ressort ? Serait-il donc bien étrange que se voyant déjà par la pensée devant ces assises redoutables, il eût songé à y comparaître muni du plus grand nombre possible de découvertes incontestées et incontestables, et que, sous le poids de ces préoccupations, il eût oublié un instant un précepte abstrait de la philosophie ? Quoi qu’il en soit, lu droiture et la parfaite loyauté de Malus ne seront jamais mises en question.

Dans le recueil de pensées dont j’ai donné tout à l’heure un extrait, je lisais :

« Il y a bien peu d’hommes qui laissent en mourant des traces de leur existence ! »

Je m’aventure peu en assurant que Malus figurera au nombre de ces hommes privilégiés. Son nom arrivera à la postérité la plus reculée par une de ces grandes découvertes qui, indépendamment de leur mérite propre, ont ouvert une vaste carrière aux investigations de la science. Le nom immortel de Malus restera désormais inséparable de celui de polarisation sous lequel viennent déjà se grouper les plus curieux, les plus féconds, les plus brillants phénomènes de l’optique moderne.