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MALUS.

qu’il s’attendait à voir t il n’en aperçut qu’une seule, l’image ordinaire ou l’image extraordinaire, suivant la position qu’occupait le cristal devant son œil. Ce phénomène étrange frappa beaucoup notre ami ; il tenta de l’expliquer, à l’aide de modifications particulières que la lumière solaire aurait pu recevoir en traversant l’atmosphère. Mais la nuit étant venue, il fit tomber la lumière d’une bougie sur la surface de l’eau sous l’angle de 36°, et il constata, en se servant d’un cristal doué de la double réfraction, que la lumière réfléchie était polarisée, comme si elle provenait d’un cristal d’Islande. Une expérience faite avec un miroir de verre sous l’angle de 35° lui donna le même résultat. Dès ce moment, il fut prouvé que la double réfraction n’était pas le seul moyen de polariser la lumière, ou de lui faire perdre la propriété de se partager constamment en deux faisceaux, en traversant le cristal d’Islande. La réflexion sur les corps diaphanes, phénomène de tous les instants et aussi ancien que le monde, avait la même propriété sans qu’aucun homme l’eût jamais soupçonné. Malus ne s’arrêta pas là ; il fit tomber simultanément un rayon ordinaire et un rayon extraordinaire, provenant d’un cristal doué de la double réfraction, sur la surface de l’eau, et remarqua que si l’inclinaison était de 36°, ces deux rayons se comportaient très-diversement.

Quand le rayon ordinaire éprouvait une réflexion partielle, le rayon extraordinaire ne se réfléchissait pas du tout, c’est-à-dire traversait le liquide en totalité. Si la position du cristal était telle, relativement au plan dans lequel la réflexion s’opérait, que le rayon extraordinaire