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le promoteur d’un tel reproche n’a-t-il pas vu qu’il ne tendrait rien moins qu’à ranger les Huygens, les Newton, les Leibnitz, les Euler, les Lagrange, les Laplace parmi les socialistes démagogues les plus fougueux ? On est vraiment honteux d’être amené à faire de tels rapprochements.

Pour ne pas sortir du cadre que j’ai dû me tracer, je ne rappellerai pas ici les services éminents et désintéressés que d’anciens élèves de l’École polytechnique ont rendus à la classe ouvrière, en vulgarisant libéralement les notions pratiques des sciences qui pouvaient concourir à améliorer sa position. Mais je ne saurais passer sous silence l’école dite de Lamartinière, qui, dirigée par M. Tabareau (1808), a répandue parmi les ouvriers lyonnais une instruction pratique dont personne ne saurait contester la haute utilité pour l’industrie de la seconde cité française.

L’École polytechnique, considérée comme une institution préparatoire aux Écoles militaires, serait l’objet de reproches fondés, s’il était vrai que les études auxquelles les élèves sont astreints énervassent leurs qualités militaires innées. Un tel reproche, quoique souvent reproduit, n’a certes aucune espèce de fondement ; il faut cependant, en présence de la calomnie, se condamner à la combattre. Pour établir ma thèse d’une manière péremptoire, je ne citerai pas les services spéciaux et de l’ordre le plus élevé que rendent au pays les officiers d’artillerie et du génie, puisque ces services ne sont pas ordinairement appréciés du public à leur juste valeur ; mais je prierai le lecteur de porter ses pensées sur les