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d’ailleurs sur un fait dont l’exactitude ne nous est pas démontrée.

Notre confrère avait en quelque sorte horreur du déplacement ; il ne voyagea qu’une seule fois, et ce fut pour cause de santé ; encore fallut-il lui déguiser les prescriptions du médecin sous le voile d’une mission ayant pour objet ostensible l’examen des candidats à l’École polytechnique.

Ses courses à l’École militaire de Saint-Cyr lui étaient excessivement à charge. Son cabinet, le fauteuil où il méditait, la petite table sur laquelle il écrivait ses Mémoires, étaient toute sa vie. L’été, il faisait après dîner quelques courtes promenades dans la grande avenue qui joint le palais du Luxembourg à l’Observatoire. On a remarqué que ses déménagements étaient toujours circonscrits dans un espace très-resserré ; enfin, nous donnerons l’idée la plus étrange peut-être de son goût casanier, en disant qu’ayant consacré ses économies à l’achat d’une très-belle ferme située dans le département de Seine-et-Marne (Brie), il n’alla jamais la visiter.

Quant au souvenir de Pithiviers, il était toujours présent à sa pensée, et vibrait dans son cœur. Ceux-là en avaient fait la remarque qui ayant à le solliciter, et voulant le mettre en bonne humeur, ne manquaient pas de mentionner avec éloges les produits culinaires par lesquels cette ville est devenue célèbre, et même le safran qu’on recueille dans les campagnes environnantes. Je me rappelle un trait qui seul démontrerait quel attachement Poisson avait voué à la ville qui le vit naître.

Lorsque dans nos réunions scientifiques on était amené