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Supposons que douze mille soit le nombre de naissances annuelles dans un département d’une population moyenne ; nous trouverons qu’il y a quatre mille à parier contre un que, dans un tel département, le nombre des naissances annuelles féminines ne surpassera pas le nombre de naissances masculines. Malgré une aussi faible probabilité, cet événement s’est présenté plusieurs fois pendant la période de dix ans que Poisson a considérée. La reproduction d’un événement si improbable conduit naturellement à soupçonner que les chances avaient été calculées sur une hypothèse contestable ; mais ici, quelle autre supposition avait-on faite, si ce n’est celle d’admettre que les possibilités des naissances masculines et féminines avaient, pour chaque département et pour chaque année, les valeurs moyennes données sur la France tout entière par une assez longue période ? cette hypothèse n’est donc pas parfaitement exacte. Ainsi la chance d’une naissance masculine varie, pour chaque localité, d’une année à l’autre, et, dans une même année, d’une localité à l’autre.

On a vu que, au commencement de ce siècle, le rapport du nombre de naissances de filles au nombre de garçons, était, pour une certaine partie de la France, celui de vingt et un à vingt-deux ; tandis que maintenant, on trouve quinze à seize dans toute l’étendue du pays. Doit-on considérer cette différence comme fortuite ? Indique-t-elle, au contraire, un accroissement réel dans la probabilité des naissances masculines ? Les calculs de Poisson répondent à ce doute d’une manière péremptoire : ils montrent que, dans la partie de la France