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des jugements en matière criminelle et en matière civile.

Dans l’étude de cette question spéciale, on fait un usage continuel de ce qu’on appelle la loi des grands nombres ; voici en quels termes on peut définir cette loi : si l’on observe des nombres très-considérables d’une même nature, dépendants de causes constantes et de causes qui varient irrégulièrement, tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, c’est-à-dire sans que leur variation soit progressive dans aucun sens déterminé, les résultats qu’on en déduira seront indépendants des causes perturbatrices.

L’auteur s’attache à montrer, par des exemples bien choisis, que cette loi s’observe tant dans les faits relatifs à l’ordre matériel que dans ceux qui touchent à l’ordre moral. Citons d’abord quelques cas empruntés à l’ordre matériel. Dans les jeux, les circonstances qui amènent l’arrivée d’une carte ou du point déterminé d’un dé, varient à l’infini. Cependant, après un nombre suffisant de coups, la carte ou le point sont arrivés un nombre de fois déterminé et invariable.

La durée de la vie fournit un second exemple de cette constance dans les résultats, lorsqu’on arrive à considérer un nombre suffisant de cas. Ainsi, que l’on prenne la somme des années représentant les âges qu’ont vécu un grand nombre d’individus nés entre deux époques indéterminées, et appartenant à un pays où l’état de la société peut être considéré comme constant : qu’on divise cette somme par le nombre des individus, et le quotient, qu’on appelle la vie moyenne, sera à très-peu près le même dans tous les calculs de ce genre.