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ne lui commandez aucun acte qui blesse le sens moral. Je veux était assurément une formule très-commode, mais elle a fait son temps. L’autorité ne possédera le prestige dont il est si désirable, dans l’intérêt de tous, qu’elle soit environnée, qu’à la condition de prendre invariablement pour guide les paroles que Monge, au camp de Boulogne, entendit sortir de la bouche de Napoléon, et qu’il nous a conservées : « Vous vous trompez, Messieurs, sur ma puissance, disait le jeune souverain au moment où la vaillante armée qu’il commandait allait s’élancer des rives de l’Océan jusqu’à Austerlitz ; vous vous trompez. Dans notre siècle, on n’obtient une obéissance franche et cordiale qu’à la pointe du raisonnement. »



LA MÉMOIRE DE MONGE, MALGRÉ LES DIFFICULTÉS DU TEMPS, EST L’OBJET DES PLUS HONORABLES TÉMOIGNAGES DE LA PART D’ANCIENS ÉLÈVES DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE. — RÉSUMÉ DES SERVICES RENDUS AU PAYS PAR L’ILLUSTRE GÉOMÈTRE.


M. Brisson, ingénieur des ponts et chaussées, M. Charles Dupin, ingénieur de la marine, tous deux sortis de l’École polytechnique, tous deux au début de leur carrière, tous deux amovibles, n’hésitèrent pas, en 1819 et 1820, à publier des biographies de Monge, dans lesquelles on aurait vainement cherché la plus légère concession aux passions haineuses qui, à ces tristes époques, poursuivaient encore la mémoire de l’illustre géomètre. Des compositions si bien senties, si savantes, ne me laissant plus qu’à glaner, je pouvais me croire affranchi du devoir que nos usages imposent aux secrétaires perpétuels ; mais je n’ai pas su résister à un désir de la respec-