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longue révolution, ont toujours mis plus d’empressement que les hommes à accueillir les proscrits. Je ne sais si la remarque est nouvelle ; en tout cas, je puis espérer qu’une fraction au moins de cette assemblée me pardonnera de l’avoir reproduite.

En sortant de chez madame Ybert, Monge fit à un de ses anciens élèves l’honneur de se réfugier chez lui. Un peu plus tranquille dans cette seconde retraite, notre confrère y reprit ses études favorites de géométrie analytique. C’est là que se manifesta un phénomène psychologique assez étrange pour mériter qu’on en conserve le souvenir.

Monge venait de se livrer avec succès à des combinaisons très-compliquées sur le calcul aux différences partielles. Un pas encore, et le plus difficile problème était résolu. Ce pas, Monge ne parvint pas à le faire tout seul ; ce pas n’était cependant que la recherche des deux racines d’une équation algébrique du second degré, question qu’on ne propose guère, tant elle est simple, même dans les examens des élèves de première année de mathématiques.

Il se passera bien du temps, je le crains, avant que l’étude des propriétés de l’encéphale permette de pénétrer ces mystères de l’intelligence.

Napoléon était enchaîné au milieu de l’Océan africain sur une pointe de rocher volcanique et aride. Monge, rentré dans sa famille, mais à jamais séparé de son immortel ami, n’avait plus devant lui que quelques années d’une vie mélancolique. Désormais, la voix de l’illustre mathématicien, faible ou sans écho ne devait