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de la science. Aussi, je l’avouerai, je n’étais pas médiocrement étonné de ne le trouver nulle part aux prises avec la quadrature du cercle. Cette inexplicable lacune dans la jeunesse de notre confrère vient d’être remplie. Une note manuscrite de M. le secrétaire de l’Académie de Lyon m’apprend que le 8 juillet 1788, Ampère, âgé alors de treize ans, adressa à ce corps savant un travail relatif au célèbre problème dont je viens de faire mention. Plus tard, mais cependant dans la même année, il soumit à l’examen de ses compatriotes un Mémoire analogue intitulé : De la rectification d’un arc quelconque de cercle plus petit que la demi-circonférence. Ces deux Mémoires ne nous sont pas parvenus. S’il faut en croire la note manuscrite qui m’a été remise, le jeune Ampère non-seulement ne jugeait pas le problème insoluble, mais il se flattait de l’avoir à peu près résolu.

Des scrupules que j’honore, sans avoir pu les partager, me demandaient le sacrifice de cette anecdote. Le sacrifice eût été assurément bien léger, et, toutefois, je n’ai pas cru devoir le faire. Les faiblesses scientifiques des hommes supérieurs sont une source d’enseignement tout aussi utile, tout aussi profitable, que leurs succès, et le biographe n’a pas le droit de les couvrir d’un voile. Est-il d’ailleurs bien certain qu’il y eût ici quelque chose à excuser, à dissimuler ; qu’un géomètre puisse avoir à rougir des efforts qu’il a tentés, dans son enfance ou même dans l’âge mûr, pour carrer géométriquement le cercle ? Pour soutenir une semblable thèse, il faudrait ne pas se rappeler que l’antiquité nous présente, comme fort occupés de ce célèbre problème, Anaxagore, Meton,