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envoyé dans les régions lointaines des savants dont les brillants travaux eussent suffi à l’illustration d’une nation et d’un siècle. Gloire au pays où de telles réflexions ne blessent pas la vérité, où l’on peut les proclamer publiquement sans encourir le reproche de flatterie.

Dans sa première séance, le 6 fructidor an vii (23 août 1798), l’Institut d’Égypte nomma (je copie le procès verbal) : « le citoyen Monge, président ; le citoyen Bonaparte, vice-président, pour le premier trimestre ; et le citoyen Fourier, secrétaire perpétuel. »

La nomination de Monge aux fonctions de président ne fut pas, quoi qu’on en ait dit, un acte d’opposition contre le général en chef. Le 5 fructidor, dans une réunion préparatoire de tous les membres de l’Institut, Bonaparte avait positivement décliné la présidence, et formulé son refus en ces termes : « Il faut placer Monge, et non pas moi, à la tête de l’Institut ; cela paraîtra en Europe beaucoup plus raisonnable. »

Comment est-il arrivé que ces paroles, parfaitement authentiques, aient trouvé des incrédules ? Voudrait-on, par hasard, établir que le génie et le bon sens ne marchent jamais de compagnie ?

Un journal scientifique et littéraire paraissant tous les dix jours, la Décade égyptienne, rédigé à l’origine par Tallien, rendait un compte sommaire des séances de l’Institut, et publiait même, in extenso, les travaux des divers membres. C’est dans la Décade que parut pour la première fois le Mémoire de Monge relatif au phénomène d’optique connu sous le nom de mirage.

Monge avait incontestablement indiqué la vraie cause