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Callisthène, ce fut uniquement dans le dessein de recueillir, de rassembler les documents scientifiques qu’on arracherait violemment aux nations vaincues. Monge, Berthollet, Fourier, leurs amis, avaient la mission plus noble de porter les fruits de la civilisation européenne au sein de populations barbares, abruties, courbées sous le joug.

Les entretiens à jamais mémorables dans lesquels, à bord de l’Orient, Monge énumérait chaque jour les brillantes conquêtes de l’intelligence humaine devant un auditoire où l’on voyait au premier rang Bonaparte, Berthollet, Caffarelli, Berthier, Eugène Beauharnais, Desgenettes, etc., n’étaient qu’une magnifique préparation au saint apostolat que notre confrère allait exercer.

L’escadre arriva le 1er juillet, au matin, devant la côte égyptienne. La colonne dite de Pompée annonçait Alexandrie. Monge débarqua un des premiers, et il ne fallut rien moins que l’ordre le plus formel de son ami, le général en chef, pour l’empêcher de prendre part personnellement à l’attaque de la ville. Il ne lui fut pas non plus accordé d’accompagner l’armée dans sa marche vers le Caire, à travers le désert, et il dut s’embarquer, avec Berthollet, sur une flottille de petits bâtiments destinée à remonter le Nil jusqu’à Rahmaniéh.

Bonaparte avait assigné à son ami la voie fluviale comme la plus sûre. Les circonstances trompèrent ses prévisions. Les eaux du Nil étant basses, plusieurs de nos barques s’échouèrent sur des bancs de gravier. Dans cette fâcheuse position, la flottille française eut à com