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attachées à la mystérieuse expédition. L’esprit aventureux de l’époque suffirait assurément pour expliquer de telles résolutions ; mais, dans cette circonstance, elles furent presque toutes dictées par la confiance sans bornes que Monge et Berthollet avaient su inspirer à leurs disciples. Chacun entrevoyait que, sous de tels guides, il trouverait l’occasion de se rendre utile et même d’acquérir un peu de gloire.

L’escadre de Toulon mit à la voile le 30 floréal an vi (19 mai 1798). Le 3 juin, elle rallia la division que Desaix et Monge lui amenaient de Civita-Vecchia. On s’étonnera peut-être de me voir associer ainsi notre confrère à l’illustre général dans une opération qui semble avoir dû être du ressort exclusif de l’autorité militaire ; mais pouvais-je hésiter, après avoir lu dans une lettre du général en chef à Monge, datée de Paris (le 2 avril 1798), ce passage, à mon avis, entièrement décisif : « Je vous prie de remettre la lettre ci-jointe au général Desaix. Je ne compte que sur vous et sur lui pour l’embarquement de Civita-Vecchia. »

Le 9 juin 1798 (21 prairial), cinq cents voiles françaises se déployaient autour de Malte. Le 10, l’île était attaquée sur sept points principaux ; le 11, elle capitulait ; le 12, le général en chef faisait son entrée solennelle dans la capitale ; le lendemain, par l’influence de Monge, Malte était dotée de quinze écoles primaires et d’une école centrale qui devait se composer de huit professeurs, convenablement rétribués, chargés d’enseigner les mathématiques, la stéréotomie, l’astronomie, la mécanique, la physique, la chimie et la navigation, c’est-à-dire préci-