Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/533

Cette page a été validée par deux contributeurs.

hommes les plus estimés du pays, nommé ministre de l’intérieur, n’avait pas fait un seul acte, donné une seule signature, un mois après son installation. Or, savez-vous la raison de cette inaction complète pendant tout un mois ? Le ministre de l’intérieur, le docteur Corona, n’avait pas encore lu la Constitution (une constitution de quelques pages) lorsque, sur la clameur publique, Daunou, Monge et Florent furent obligés de le destituer.

Ce n’était pas là du far niente, puisque le mot déplaît ; je me résignerai à dire que le docteur Corona était un Fabius administratif, pourvu qu’on me permette d’ajouter que si les Fabius réussissent quelquefois à la guerre, ils sont, dans l’ordre civil, les causes les plus immédiates de la chute des gouvernements nouveaux.

La justification de nos deux confrères ne se fonde pas uniquement sur le fait isolé du docteur Corona. Je vois dans une lettre inédite de Daunou que, malgré toutes ses prières, le tribunat romain vaquait de deux jours l’un, et le sénat deux jours sur trois. Or, ces vacances d’un jour sur deux, et de deux jours sur trois, on les prenait au début d’un nouveau gouvernement, dans un pays où tout était à organiser ou à régulariser, même les actes de l’état civil, même les transactions entre particuliers, etc.

Étrange bizarrerie ! L’apathie, chez les Romains de 1798, s’alliait à une ambition désordonnée et imprudente. Ce fut pour Monge et Daunou la source de mille embarras. J’en citerai un exemple.

Les dix-huit cent mille âmes des États du pape se trou-