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scientifiques imposent aux esprits étroits ; c’est dans leur matériel qu’ils ont souvent trouvé le moyen le plus efficace de résister aux efforts de la malveillance.

Prieur ne se borna pas, envers l’École polytechnique, à la protection indirecte dont je viens de parler. Toutes les fois qu’elle fut menacée à la suite de quelque acte politique des élèves, on le vit sur la brèche conjurer courageusement le danger. Il ne se montra pas moins empressé à solliciter des allocations pécuniaires pour aller au secours de beaucoup d’élèves que la misère avait dispersés. Vers le milieu de 1795, l’école s’étant trouvée en péril à la suite de vives réclamations d’un corps privilégié, puissant et justement estimé, à la suite des demandes instantes du corps du génie, Prieur, officier du génie lui-même, n’hésita pas à combattre ouvertement des prétentions dans lesquelles, sous les apparences de l’intérêt public, il apercevait des motifs puérils, et, pour citer ses propres expressions, du charlatanisme. Il établit, dans un Mémoire qui fut remis à la commission chargée de réformer la Constitution de l’an iii, que le secret sur les principes de la fortification, dont ses camarades avaient tant parlé, devait être restreint aux moyens locaux de défense de chaque place de guerre, et ne pas comprendre les principes généraux de l’art ; et l’orage qui semblait devoir renverser l’École se dissipa.

S’il me fallait caractériser en quelques mots les droits respectifs de Monge et de Prieur au titre glorieux de fondateur de notre grande école, si l’on me demandait une de ces formules concises dans lesquelles l’esprit se complaît, je dirais avec la certitude d’avoir fait une juste