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cours donneraient lieu à de semblables remarques. En cherchant bien, on découvrirait quelque honorable député qui se dit, qui se croit même l’auteur d’une de nos lois les plus importantes, sans aucun autre fondement que celui d’avoir, par sa boule tardive, complété, le jour du vote, le nombre minimum de boules fixé par le règlement.

Dieu me préserve de réduire à ces proportions mesquines, j’allais dire à ces proportions risibles, l’intervention de Fourcroy dans l’organisation de l’École polytechnique. Son rapport fut souvent éloquent, toujours lumineux. La loi renfermait assurément un grand nombre de dispositions excellentes ; mais serait-il juste d’en faire exclusivement honneur au célèbre chimiste ? Plusieurs de ces dispositions vitales ne provenaient-elles pas d’une autre source ? Telle est la question.

La loi stipulait que les élèves seraient classés et reçus d’après une liste générale, par ordre de mérite, formée, à la suite d’un concours ouvert dans vingt-deux des principales villes de la République. Le fils d’un ancien duc et pair ne devait avoir aucun privilége sur le fils du plus humble artisan ; la cabane et le palais se trouvaient placés sur la même ligne.

Un traitement était accordé aux élèves. Supprimez ce traitement, et l’égalité décrétée dans le premier article n’est plus qu’un vain mot, et les enfants des pauvres, quel que soit leur mérite, n’ont plus de place dans la nouvelle école qu’en théorie.

Ces dispositions, grandes et fécondes, n’étaient au fond que la conséquence immédiate et nécessaire du principe d’égalité, celle de toutes les conquêtes de notre révolution