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épreuves. Je ne pourrais pas dire avec certitude sous quel aspect les sciences exactes étaient alors envisagées par les métaphysiciens ; mais je sais que les géomètres, les chimistes accordaient peu d’estime aux recherches purement psychologiques. Ce tort, car je suis fort disposé à croire que tort il y avait, sera quelque peu amoindri aux yeux de ceux qui voudront bien considérer, qu’en métaphysique, tout se lie, tout se tient, tout s’enchaîne comme les mailles du tissu le plus délicat ; en telle sorte qu’un principe ne saurait être détaché de l’ensemble de définitions, d’observations et d’hypothèses dont il découle, sans perdre beaucoup de son importance apparente et surtout de sa clarté. Lorsque Ampère, encore vivement ému des entretiens qu’il venait d’avoir avec les psychologismes, allait étourdiment, je veux dire sans préparation, jeter l’émesthèse, par exemple, au milieu d’une réunion de géomètres, de physiciens ou de naturalistes ; lorsqu’en cédant à son enthousiasme, il soutenait qu’un mot obscur, ou du moins incompris, renfermait la plus belle découverte du siècle, n’était-il pas naturel qu’il rencontrât des incrédules ? Tout aurait été même dans l’ordre, si l’extrême bonté de notre confrère n’avait autorisé les incrédules moqueurs à usurper la place des incrédules sérieux.

Je trouve dans la correspondance manuscrite dont M. Bredin, de Lyon, a bien voulu me donner communication, qu’Ampère rêvait à Paris la publication d’un livre qu’il voulait intituler : Introduction à la philosophie.

Le fameux anathème de Napoléon contre l’idéologie ne l’avait pas découragé ; il lui semblait devoir plutôt contribuer à propager ce genre d’études qu’à le res-