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ries, les caves, les lieux bas, en contiennent, beaucoup plus que vous ne croyez. Ce fut alors qu’appréciant avec hardiesse les ressources infinies que le génie possède, quand il s’allie à un ardent patriotisme, notre confrère s’écria : « On nous donnera de la terre salpêtrée, et trois jours après nous en chargerons les canons ! »

Parmi ceux qui entendaient cette exclamation de Monge, plusieurs peut-être se rappelèrent avec anxiété que le sublime touche souvent au ridicule ; mais les faits tranchèrent bientôt la question : l’exclamation resta sublime !

Des instructions méthodiques et simples furent répandues à profusion sur tous les points de la république, et chaque citoyen se trouva en mesure d’exercer un art qui jusque-là avait été réputé très-difficile ; et d’un bout de la France à l’autre, on voyait jour et nuit des vieillards, des enfants, des femmes, lessiver les terres de leurs habitations, et acquérir ainsi le droit de se dire : Moi aussi, j’ai contribué à la défense du pays !

On fouilla de même les demeures des animaux avec une ardeur sans exemple. Quant à l’approvisionnement de salpêtre brut, la plus entière sécurité succéda au désespoir.

La chimie inventa des moyens de purification nouveaux.

De simples tonneaux que des hommes faisaient tourner, et dans lesquels le soufre, le charbon et le salpêtre pulvérisés étaient mêlés avec des boules de cuivre, suppléèrent aux anciens moulins. La France devint une immense manufacture de poudre.