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approvisionnements en matières premières. Si vous le voulez, remplissez, par la pensée, les magasins de l’État de salpêtre brut de l’Inde ; avant qu’il ait été purifié et rendu propre à la fabrication de la poudre, il s’écoulera un temps fort long, et le temps vous manque.

Possédez-vous d’immenses quantités de salpêtre déjà raffiné, on ne réussira pas à en faire un prompt usage ; car il n’existe, dans tout le royaume, qu’un nombre très borné de moulins à poudre, car on ne crée pas des établissements de cette espèce en quelques jours.

Les arsenaux regorgent-ils de cuivre ; avez-vous aussi de l’étain en abondance, cette richesse vous fera plus cruellement sentir encore la lenteur des moyens en usage pour mouler, pour forer et aléser les bouches à feu.

Tout annonçait que les neuf cent mille citoyens, déjà levés et enrégimentés, n’auraient à opposer aux légions ennemies que des bras désarmés, que des poitrines sans défense, et qu’après l’inutile sacrifice de tant de milliers de nobles cœurs, la république et l’indépendance nationale périraient sans retour.

Telles étaient les déductions douloureuses des faits, et l’impression générale des esprits, lorsque le comité de salut public fit un appel à la science.

Dans la première réunion des savants d’élite qui avaient été convoqués, la question de la fabrication de la poudre, la première de toutes par son importance et par sa difficulté, assombrit fortement les esprits. Les membres expérimentés de la régie ne la croyaient pas soluble. Où trouver le salpêtre ? disaient-ils avec désespoir. Sur notre propre sol, répondit Monge sans hésiter : les écu-