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l’homme qu’on aurait pu appeler presque sans métaphore, et certainement sans hyperbole, l’analyse incamée.

Ceux qui possèdent une qualité sans laquelle nul succès n’est assuré dans la carrière des sciences, la qualité de s’étonner à propos, n’ont jamais refusé leur admiration aux découvertes dont je viens de faire mention.

Le mot admiration serait-il ici hors de place ? Examinons.

Toute équation entre trois indéterminées représente une surface. Si les indéterminées y entrent au premier degré, cette surface est plane. L’équation est-elle du second degré, il en peut ressortir un ellipsoïde, un paraboloïde, un hyperboloïde, ou des surfaces qui sont des modifications, des cas particuliers de celles-là. S’élève-t-on jusqu’au troisième degré, il y a tant de surfaces distinctes contenues dans l’équation, qu’on n’a pas même essayé d’en faire le dénombrement. Le nombre de ces surfaces augmente dans une énorme proportion quand on passe du troisième au quatrième degré, du quatrième au cinquième, etc.

L’imagination a peine à concevoir l’immense variété de formes qui peuvent être déduites des seules équations de tous degrés, dites algébriques. Eh bien, ces formes les plus dissemblables ont un caractère commun ; la variété, dans l’aspect général, n’empêche pas qu’en un point donné d’une quelconque de ces milliards de surfaces, les deux sections normales de plus grande et de moindre courbure ne soient perpendiculaires entre elles, et que les courbures des sections intermédiaires ne dépendent des