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JEUNESSE DE MONGE ; SES DISPOSITIONS PRÉCOCES. — IL EST ADMIS DANS LA SECONDE DIVISION DE L’ÉCOLE DE MÉZIÈRES.


Le laborieux commerçant de la rue Couverte de Beaune, Jacques Monge, s’imposa de rudes, d’honorables privations, et parvint ainsi à placer ses trois fils dans le collége de cette ville, dirigé alors par les oratoriens. Les trois jeunes gens répondirent avec distinction à la sollicitude paternelle. L’aîné, Gaspard, notre ancien confrère, devint, dès son début, un sujet d’élite. Il remportait les premiers prix dans toutes les facultés ; ses maîtres trouvaient un plaisir particulier à inscrire, à côté de son nom, la formule quelque peu maniérée des écoles de cette époque : Puer aureus.

Jusqu’à la fin de sa vie, Monge conserva religieusement les petits bulletins hebdomadaires dont les oratoriens de Beaune s’étaient complu à le gratifier. Voulait-il témoigner ainsi, comme le grand Condé, que les succès du collége procurent seuls des plaisirs sans mélange ? Attachait-il plus de prix au souvenir d’un thème ou d’une version irréprochables, qu’à celui de certains triomphes géométriques dont le monde lui fut redevable et qui jetèrent tant d’éclat ? Non, Messieurs ; ne cherchez en tout ceci qu’un tendre sentiment filial : les satisfecit du collége de Beaune réveillaient dans le cœur de l’illustre académicien le souvenir des sacrifices qu’un père prévoyant s’était imposés, et celui des efforts que le fils avait faits pour les rendre fructueux.

Le jeune Gaspard Monge, malgré ses succès, n’était