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légère. Témoin une épître que notre savant confrère, M. Isidore Geoffroy, m’a tout récemment apportée de Bourg, dont il fut donné lecture, le 26 germinal an xi, à la Société d’Émulation de l’Ain, et qui commence ainsi :


Vous voulez donc, belle Émilie,
Que de Gresset ou d’Hamilton
Dérobant le léger crayon,
J’aille chercher dans ma folie,
Sur les rosiers de l’Hélicon,
S’il reste encor quelque bouton
De tant de fleurs qu’ils ont cueillies :
Souvent mes tendres rêveries, etc.


Je ne sais si la belle Émilie n’était pas un de ces êtres imaginaires sur lesquels les poètes jettent à pleines mains toutes les perfections qu’ils ont rêvées ; mais aucun des amis d’Ampère n’ignore que la femme éminemment belle, bonne etdistinguée qui unit sa destinée à la sienne, avait, elle aussi, excité sa muse ; plusieurs se rappelleront une pièce dont le début surtout a été remarqué :

Que j’aime à m’égarer dans ces routes fleuries,
Où je t’ai vue errer sous un dais de lilas ;
Que j’aime à répéter aux nymphes attendries,
Sur l’herbe où tu t’assis, les vers que tu chantas.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Les voilà ces jasmins dont je t’avais parée ;
Ce bouquet de troène a touché tes cheveux, etc.


Certain mathématicien commit, un jour, la faute de mettre le public dans la confidence de quelques vers, bien mesurés, bien rimés, et qui n’en étaient pas meilleurs pour cela. Une dame d’esprit, qui les entendait lire, s’écria qu’à l’exemple de M. Jourdain, l’au-