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ment écarter le vrai mérite. Madame désira alors attacher l’illustre académicien à sa personne en qualité de secrétaire de cabinet. Bailly accepta. C’était un titre purement honorifique. Le secrétaire ne vit la princesse qu’une seule fois, le jour de sa présentation.

Lui réservait-on des fonctions plus sérieuses ? Il faut le croire ; car des personnes influentes offraient à Bailly de lui faire conférer un titre nobiliaire et une décoration. Cette fois, le philosophe refusa tout net : « Je vous remercie, répondit Bailly aux négociateurs empressés ; celui qui a l’honneur d’appartenir aux trois premières Académies de France est assez décoré, assez noble aux yeux des hommes raisonnables ; un cordon, un titre n’y pourraient rien ajouter. »

Le premier secrétaire de l’Académie des sciences avait, quelques années auparavant, agi comme Bailly. Seulement il expliqua son refus en termes tellement forts, que j’aurais quelque peine à les croire tracés par la plume du timide Fontenelle, si je ne les trouvais dans un écrit parfaitement authentique. « De tous les titres de ce monde, dit Fontenelle, je n’en ai jamais eu que d’une espèce, des titres d’académicien, et ils n’ont été profanés par aucun mélange d’autres, plus mondains et plus fastueux. »

Bailly s’était marié, en novembre 1787, à une intime amie de sa mère, déjà veuve, et de deux ans seulement plus jeune que lui. Madame Bailly, parente éloignée de l’auteur de la Marseillaise, avait pour son mari un attachement qui touchait à l’admiration. Elle lui prodigua constamment les soins les plus tendres, les plus affectueux. Les succès que madame Bailly aurait pu avoir dans le