Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 2.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme disait une femme du grand monde, sont des protces que le calcul essaierait en vain d’enlacer dans ses filets réguliers et méthodiques. Au surplus, si les sciences ont échoué dans une pareille tâche, ce malheur elles le partagent avec la dialectique des moralistes, l’éloquence de la chaire, et même avec la poésie. J’ai lu, en effet, quelque part, que Colbert voulut un jour détourner de la guerre le monarque qu’il servait avec tant de dévouement et d’habileté. Boileau promit de seconder le ministre ; il adressa à Louis XIV la belle épître où se trouve une peinture si entraînante des douceurs de la paix et, entre autres passages remarquables, celui que tout le monde a retenu sur l’empereur Titus,


Qui rendit de son joug l’univers amoureux ;
Qu’on n’alla jamais voir sans revenir heureux ;
Qui soupirait, le soir, si sa main fortunée
N’avait par ses bienfaits signalé sa journée.


De si beaux vers allèrent au cœur du roi ; il se les fit redire à trois reprises, ordonna ensuite de seller ses chevaux et partit pour l’armée.



COMPOSITIONS POÉTIQUES D’AMPÈRE.


Ampère avait composé, pendant sa première jeunesse, une tragédie sur la mort d’Annibal, dans laquelle on remarquait de très-bons vers et les plus nobles sentiments. J’ajouterai que, pendant son séjour dans le chef-lieu du département de l’Ain, les sciences n’absorbaient pas tellement toutes les pensées d’Ampère, qu’il ne trouvât le temps de cultiver les lettres et même la poésie